Education affective et sexuelle : encore un point pour les réacs !

Au secours ! Mon enfant va apprendre le consentement et le respect de l'autre !!! Quel scandale ! Heureusement qu'un ministre délégué est là pour nous protéger...

Les débats sur le budget et l’éventuelle censure ont lassé les auditeurs des chaines d’info en continu… Trouvons une autre marotte ! Tiens et si on reparlait du péril moral qui pèse sur nos enfants ? Ça tombe bien, il y a un projet de nouveau programme pour l’éducation affective et sexuelle…

Et la machine à faire du buzz est enclenchée :

Phase 1 : Les associations conservatrices dénoncent le projet sans l’avoir lu. Des phrases choc (qui ne sont pas dans le projet mais qu’importe) sont reprises dans les médias « bolloréisés ».

Phase 2 : Un sénateur LR interpelle le ministre délégué à la réussite scolaire. Bien évidemment il répond que « la théorie du genre n’a pas sa place à l’école ». On ne peut que lui donner raison, parce que « la théorie du genre » n’existe que dans les fantasmes de ceux qui la dénoncent. Elle n’est donc pas dans le projet de programme.

Phase 3 : La ministre de l’Education Nationale en rajoute une couche en brossant l’opinion dans le sens du poil conservateur. Elle piétine au passage les résultats de la recherche, la réalité du texte et le travail des associations.

Phase 4 : Suite aux réactions de toutes les personnes maitrisant un tant soit peu le sujet (enseignant·es, journalistes, associations de défenses des droits des enfants et des minorités, CIIVISE) rétropédalage et exercice de communication ministérielle.

Le tout largement relayé dans tous les médias.

Qu’importe la vérité, si « le bon sens » le dit

Bref, le texte devra être voté par le Conseil Supérieur des Programmes en décembre. Il sera probablement un peu remanié pour s’accommoder des attaques de toutes celles et ceux qui considèrent que c’est à la famille d’éduquer les enfants sur « ces sujets là ».  Tant pis, si –la famille- est pour un nombre inacceptable d’enfants le lieu de pressions, de stigmatisation, de discriminations et de violences sexuelles. Tant pis, si notre société inscrit dans sa loi des délits liés à la discrimination de genre ou des injonctions à l’égalité qui peinent à être appliquées. Tant pis, si les chiffres montrent que les infractions homophobes progressent.

Comme le rappelle la Commission Indépendante sur l’Inceste et les VIolences Sexuelles faites aux Enfants (CIVIISE) :

Jamais, le besoin d’instruire les enfants de manière progressive et ajustée à leur âge et de leur permettre de comprendre les enjeux de la vie affective et relationnelle, de l’intimité, du consentement n’ont été plus évidents et consensuels.

Une fois de plus en matière d’éducation, le gouvernement ignore les faits sociologiques et la recherche académique pour satisfaire un électorat « ni de gauche mais de plus en plus à droite ».
Le seul résultat de cet épisode sera de renforcer la confiance des parents soit disant « vigilants » qui se permettent, de plus en plus régulièrement, de venir intimider les collègues qui mettent en œuvre cet enseignement.

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