Le port du masque obligatoire par tous les enseignant·es et AESH devant élèves a marqué cette rentrée 2020 d'une empreinte bien particulière... Voici le résultat de notre enquête intitulée "port du masque et conditions de travail".
ENQUÊTE PORT DU MASQUE ET CONDITIONS DE TRAVAIL
L’enquête du Sgen-CFDT 46 « port du masque et conditions de travail » a été réalisée entre le mardi 6 octobre et le mardi 10 novembre 2020, auprès du personnel enseignant ainsi que des AESH du département du Lot. Les résultats portent donc prioritairement sur des données de la 1ère période, soit avant la mise en place du protocole n°2.
1. UNE DOTATION INÉGALE ENTRE LES PERSONNELS
99% des personnes interrogées affirment avoir eu une dotation de masques à la rentrée (74% par l’Education Nationale). Cependant, il ressort de notre enquête que 19% des répondants ont obtenu moins de 5 masques en tissu (et 12% plus de 5).
Les personnels vulnérables ont, quant à eux, majoritairement reçu des masques chirurgicaux de type 2.
2. UNE DOTATION DONT LA QUALITÉ INTERROGE
D’autre part, une large majorité des enseignants est déçue par le confort des masques en tissu de la marque DIM (parmi les problèmes évoqués par les collègues :
les masques sont tantôt trop petits, tantôt trop grands, provoquent des douleurs derrière les oreilles, des irritations sur la peau, sont vite humides et trop peu respirants…) : 77% des enseignant·es et des AESH déclarent ainsi que les masques reçus à la rentrée ne leur conviennent pas.
De fait, 38% des répondants disent utiliser des masques qu’ils se sont procurés eux-mêmes, et 26% leurs masques personnels en plus de ceux fournis par l’Education Nationale (donc presque les deux-tiers des personnes interrogées)… ce qui, au final, peut revenir très cher à raison d’un masque toutes les 4 heures…
3. DES CONDITIONS DE TRAVAIL DÉGRADÉES
La quasi-totalité du personnel enseignant et des AESH (99%) estime que les conditions de travail se sont dégradées du fait du port du masque. Quasiment un quart d’entre eux évoquent l’impression de manquer d’air, d’étouffer, 22% une fatigue plus importante et 20% des problèmes liés à la voix ou des migraines.
« J’éprouve une fatigue vocale, jamais apparue en 20 ans de métier… »
MAUX DE GORGE, CRAMPES, BUÉE…
Les autres problèmes évoqués par les enseignants sont nombreux et variés : ils vont des maux de gorge en passant par des crampes, notamment à cause de la difficulté à prendre un moment pour boire pendant la journée.
Ce qui revient le plus souvent, ce sont les problèmes de buée : pour ceux qui portent des lunettes, le port du masque est très problématique à cause de la buée engendrée par la respiration. Les masques en tissu ne conviennent pas et sont souvent remplacés par des masques jetables.
Enfin, des répondants expriment leur inquiétude sur la toxicité des masques reçus à la rentrée de septembre : “Apparemment ils sont imprégnés de produits toxiques et leur utilisation en l’état totalement inutile : ne protègent ni les enseignants ni les élèves”
Mais quelque chose d’autre inquiète les personnels qui ont répondu à notre enquête, c’est la détérioration de ce qui fait le sel de leur métier : la relation avec les élèves.
4. UNE RELATION PÉDAGOGIQUE TRÈS PERTURBÉE
Pour 77% des enseignant·es et des AESH, la relation pédagogique s’est dégradée et 70% que la gestion de classe est difficile (bavardages, discipline…).
« La perception des sons est erronée ! »
La communication est également plus difficile, que cela soit avec les élèves qu’avec leur famille : “je rencontre des difficultés de compréhension et donc de communication avec les enfants et les parents”, “j’ai l’impression de moins bien entendre les personnes qui me parlent et les élèves me comprennent moins bien“.
Dans les classes de maternelle et de CP en particulier, l’échange avec l’élève est très altéré : “Il y a une réelle nécessité d’obtenir des masques transparents pour les leçons de phonologie notamment, et pour rassurer certains élèves, surtout !”, “Les masques ne permettent pas un enseignement de qualité dans les classes de CP et de CE1 où la phonologie est importante”.
De l’avis des personnels enseignant·es et AESH, le cours masqué rend vraiment difficile la communication avec les élèves, cela dans toutes les matières, mais d’autant plus dans les classes où la phonologie est fondamentale.
AMPLIFICATEURS, MASQUES TRANSPARENTS OU CHIRURGICAUX, BARRIÈRES DE PLEXIGLAS…
Certains enseignant·es, en France, ont déjà pris les devants et se sont équipés d’amplificateurs de voix avec micro intégré (micro-cravate) ; mais il y a peu de chances que le Rectorat finance un tel dispositif pour tous. Au moins pourrait-on fournir des masques transparents dits « inclusifs » (aménagement souhaité par 31% des enseignant·es et AESH qui ont répondu) à ceux qui le souhaitent, notamment les professeurs de langues vivantes mais aussi de CP et de maternelle ou en cas de handicap.
L’idée d’une paroi en plexiglas qui permettrait à l’enseignant d’enlever son masque lorsqu’il est à distance des élèves satisfait 6% des répondants. A la place, 51% aimeraient avoir la possibilité de retirer leur masque à une certaine distance des élèves.
Pour finir, beaucoup demandent aussi des masques chirurgicaux, soulignant le coût élevé que cela peut représenter sur plusieurs semaines…