ESR : quelle médecine de prévention pour demain ?

La synthèse des derniers rapports d’activité de la médecine de prévention laisse clairement apparaître une dégradation continue de ce service dans les établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les nouvelles mesures prévues permettront-elles une amélioration ?

médecine de préventionUNE SITUATION PRÉOCCUPANTE

Alors même que les agents de l’enseignement supérieur et de la recherche sont de plus en plus exposés à de nombreux risques professionnels particuliers, le nombre de médecins de prévention chute de manière inquiétante. Voici les données issues de la synthèse des rapports d’activité de la médecine de prévention – année 2015 :

 

 

2014 2015
Établissements disposant d’un médecin de prévention 96 % 79 %
Établissements répondant à l’objectif de 1 ETP pour 1500 agents 81 % 54 %

 

En 2015 le taux de couverture était de 1 ETP (équivalent temps plein) pour 2782 agents, à rapporter à l’objectif de 1 ETP pour 1500 agents.

LE CHSCT MINISTÉRIEL DEMANDE DES MESURES D’URGENCE

Par un avis voté à l’unanimité lors de sa séance du 15 novembre 2016, le CHSCT MESR a interpellé la ministre de l’Éducation nationale sur cette situation inquiétante et demandé 3 mesures d’urgence :

  • rappeler aux chefs d’établissement le soutien qu’ils doivent accorder à la médecine de prévention, notamment en garantissant l’exercice du tiers-temps ;
  • porter activement au niveau interministériel la nécessité d’un plan de sauvetage de la médecine de prévention et du travail et d’œuvrer à l’amélioration des conditions d’exercice de ces métiers ;
  • engager une action spécifique pour promouvoir la spécialité de médecine du travail et développer son attractivité.

VERS UNE AMÉLIORATION À L’HORIZON 2018 ?

Le renforcement de la médecine de prévention est l’un des 5 axes du « plan d’action pluriannuel pour une meilleure prise en compte de la santé et de la sécurité au travail dans la fonction publique », élaboré par la DGAFP et paru le 28 mars 2017.

Deux mesures devraient être mises en œuvre d’ici 2018 :

1- favoriser le développement d’équipes pluridisciplinaires, ce qui permettrait aux médecins de confier une partie de leurs tâches et de se recentrer sur leurs missions ;

2- faciliter les reconversions des praticiens vers la médecine du travail et développer l’attractivité de cette spécialité.

La mutualisation des services au niveau régional, également envisagée, soulève quant à elle de nombreuses questions, dont la plus évidente : la dégradation des services de médecine de prévention étant commune à toute la fonction publique, que pourra-t-on partager ?

L’horizon 2018 paraît bien court pour qu’une amélioration soit perceptible. Mais ces mesures devraient contribuer à enrayer le déclin de la médecine de prévention, à condition que des dispositions viennent rapidement les concrétiser.