Suite(s) au #8Mars : 5 idées reçues sur l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique… SPOILER : On n’y est pas !

L'égalité entre les femmes et les hommes est garantie dans la fonction publique... en êtes-vous si sûr.e.s ?

1. Il n’y a pas d’inégalité salariale dans la fonction publique

FAUX !

En France, à poste et temps de travail égal, les femmes gagnent 9% de moins que les hommes. Tous postes confondus, l’écart salarial est de 16,5%. La fonction publique ne fait pas exception. Dans la fonction publique d’Etat, les femmes gagnent 377€ net par mois de moins que les hommes (source: ministère de l’action et des comptes publics, 2017).

Les enseignantes gagnent en moyenne 13% de moins que leurs collègues masculins, l’écart est de 25% pour les personnels non-enseignants et de 11% pour les enseignant.e.s chercheurs.euses.

Ces inégalités sont multifactorielles.

Cela s’explique d’abord par la sur-représentation des femmes dans les métiers les moins rémunérateurs (AESH par exemple) et par la sur-attribution d’heures supplémentaires et de primes et missions particulières aux hommes. Par exemple, 53% c’est l’écart entre les primes perçues par les hommes et les femmes parmi les personnels non-enseignants de l’Éducation nationale.

Ensuite, et malgré des grilles d’avancement, on constate que les femmes restent pénalisées dans leur carrière (avancement/promotions, congés…). Ces inégalités tendent à diminuer car le PPCR neutralise certains retards (liés aux notations administratives et aux inspections…) et permet une poursuite d’avancement pendant les congés familiaux. Néanmoins, plusieurs collègues n’ont pas pu bénéficier de leur RDV de carrière car elles étaient en position de congé maternité et ont donc été pénalisées. Désormais une procédure de rattrapage existe pour avoir une nouvelle visite. Le plan égalité professionnelle dans lequel le Sgen-CFDT s’est largement engagé, prévoit que les promotions s’effectuent à la mixité proportionnelle.

Enfin, les femmes occupent 85% des temps partiels.

Signalons qu’il est bien difficile de connaître la situation exacte dans notre académie car le RSU, rapport social unique (le nouveau bilan social) n’est pas disponible alors qu’il est obligatoire.

 

PLAFOND DE VERRE2. Les femmes et les hommes accèdent aux mêmes fonctions ou missions

FAUX !

Comme nous l’avons signalé plus haut, les primes et indemnités pour missions particulières (coordination de discipline, TICE…) sont davantage attribuées aux hommes. Par ailleurs, alors que les femmes représentent environ 60% des enseigant.e.s du 2nd degré, elles ne sont plus que 40% en chaire supérieure des classes préparatoires. De la même façon, les femmes représentent aujourd’hui près de 50% des chef.fe.s d’établissement mais seulement un peu plus de 30% des chef.fe.s sur les postes les plus prestigieux et rémunérateurs en lycée général et technologique.

Le plafond de verre est bien réel.

3. Les femmes sont préservées de la pauvreté dans la fonction publique

FAUX

Croire que les femmes sont préservées de la pauvreté car on gagne plus que le SMIC à l’Éducation nationale et dans la fonction publique serait une erreur. En effet, alors que le SMIC horaire est de mise, l’Éducation nationale impose par exemple un temps de travail incomplet subi aux AESH, qui sont à 93% des femmes.

Leur salaire moyen est de 886€ net par mois.

Au 1er janvier 2022, la revalorisation du SMIC a imposé à l’Etat de majorer l’indice de début de carrière de plusieurs corps très féminisés (90% des ajoint.e.s administratif.ve.s sont des femmes tout comme 60 à 70% des ouvrier.e.s des CROUS, notamment dans les métiers les moins rémunérateurs) pour ne pas être en dessous du SMIC.

En effet, alors que le SMIC augmente, le gel du point d’indice depuis plusieurs années oblige l’Etat à revoir régulièrement les pieds de grille.

4. Il n’y a pas de violences sexistes et sexuelles (VSS) chez nous !

FAUX

Nous avons évoqué plus haut les inégalités salariales au sens large mais aussi les difficultés d’accès à certaines fonctions ou missions, elles constituent une violence économique sexiste. Par ailleurs, en France, deux viols par jour ont lieu sur le lieu de travail, ce sont des violences sexuelles auxquelles la fonction publique n’échappe pas.

La lutte contre les VSS est l’un des versants du combat pour l’égalité professionnelle, le Sgen-CFDT a d’ailleurs participé activement au niveau national à la construction du plan égalité professionnelle et a pesé pour la mise en œuvre de mesures concrètes. Ainsi, ce plan comprend obligatoirement un volet sur la prévention et la lutte contre les discriminations et les violences sexuelles et sexistes, notamment avec la mise en place de dispositifs d’écoute et de signalement.

Localement, nous avons rencontré en janvier 2022 la référente égalité Mme FAURE afin de porter nos propositions pour le plan et lui faire part des situations que nos collègues nous ont transmis.

5. Les femmes enceintes bénéficient d’aménagements pendant et après la grossesse

VRAI… MAIS …

En France, les femmes disposent de 16 semaines de congé maternité (6 semaines de congé prénatal et 10 semaines de congé postnatal). Néanmoins, alors que certaines entreprises font leur révolution, les fonctions publiques ne prennent pas toujours en compte le retour au travail et les enjeux de la parentalité : garde d’enfant, horaires adaptés, jours d’absence pour enfant malade …

La grossesse, l’accouchement et la parentalité doivent donc être pris en compte socialement et le rôle du second parent est encore trop peu reconnu. Le second parent doit avoir le droit d’accueillir son enfant dans de bonnes conditions afin d’éviter une inégale répartition des rôles, des tâches et de la charge mentale.

La CFDT a revendiqué et obtenu l’allongement du congé paternité (que le Sgen souhaite d’ailleurs appeler congé parentalité) de 11 à 25 jours.

C’est une étape importante mais cela reste encore insuffisant, la CFDT revendique un congé de 2 mois.

Pour le Sgen-CFDT, l’égalité entre les femmes et les hommes passe également par une meilleure répartition des tâches et une reconnaissance dans la société comme sur les lieux de travail, de la responsabilité et de l’engagement des deux parents.

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