Nouvelle classe de sixième : une occasion manquée

La séquence ministérielle autour de la nouvelle classe de sixième a été, selon le Sgen-CFDT, une occasion manquée de redonner sens à la liaison entre école et collège.

Après cinq mois de flottements le ministère a publié, au BO du 20 avril 2023, la note de service indiquant les modalités de mise en œuvre des arrêtés modificatifs de la classe de sixième et de la sixième SEGPA du 7 avril 2023.

Une séquence institutionnelle déplorable

En décembre 2022, le ministre annonçait une nouvelle manière de travailler pour l’Éducation Nationale. Il expliquait qu’il était temps de tenir compte des équipes. Il ajoutait qu’il fallait cesser de prendre des décisions du haut vers le bas de la pyramide.

En janvier, le ministère  dévoilait sur une chaine de radio privée la suppression de la technologie sur le niveau sixième. De plus, il évoquait la création de deux nouvelles modalités de travail pour les élèves :

  • soutien et renforcement en mathématiques et en français,
  • devoirs faits obligatoires pour tous les élèves.

Les professeurs des écoles se voyant proposer d’aller assurer ce soutien sans que l’ingénierie pédagogique, que représentent la coordination et l’animation de ce type de dispositif, ne soit pensée.

Tout ça alors que les textes règlementaires n’avaient pas encore été mis en conformité au moment de l’annonce et que les académies avaient déjà reçu les enveloppes de dotation horaire globale (DHG). De fait le vote du Conseil supérieur de l’Education sur les arrêtés modifiant ceux de 2015 a été sans appel : 0 pour, 2 abstentions, 59 contre, dont bien évidemment le Sgen-CFDT et la FEP CFDT.

Est-ce bien le collège qui est l’homme malade du système ? N’est ce pas plutôt la manière de tenir un discours en faisant le contraire de de ce que l’on dit qui rend fébrile l’ensemble des acteurs ?

Vers un bricolage dénué de sens en classe de sixième

De fait les équipes de direction sont contraintes à un bricolage insensé pour organiser la rentrée 2023.  La mise en place des dispositifs obligatoires pour les élèves – l’heure de soutien et d’approfondissement et devoirs faits – nécessite un travail collectif.  Or, il faut s’appuyer sur une mesure individuelle facultative pour les enseignants, qui accepteront le Pacte…

La note de service publiée le 20 avril ne va pas apporter de solution miracle. Certes, elle rappelle, comme l’avait proposé le Sgen-CFDT, l’objectif du socle commun et le rôle du conseil pédagogique. Mais elle n’aidera pas à répondre à des questions fondamentales :

  • Comment ne pas mettre à mal les services des collègues de technologie ?
  • Qui assurera la prise en main des outils numériques en classe de sixième puisqu’il n’y aura pas de technologie ?
  • Comment coordonner le dispositif de soutien et approfondissement avec des collègues du premier degré a priori peu enclins à adhérer au Pacte ?
  • Quelle relation ce même pacte va t-il instaurer entre les équipes enseignantes et les équipes de direction ?
  • Faudra-t-il d’ailleurs « imposer » ce pacte ?
  • Comment construire des parcours d’élèves alors que l’heure est soit pour du soutien, soit de l’approfondissement ? N’y-a-t-il pas là un risque de mettre les élèves dans des tubes étanches ?

Autant de questions professionnelles qui ne pourront être traitées que collectivement sans que le temps nécessaire ne soit alloué. Une nouvelle fois les équipes tâcheront de faire le mieux possible pour leurs élèves dans un cadre inadapté et contraint.

Pour le Sgen-CFDT, le cœur du problème reste la pédagogie. Ce sont donc les premiers concernés, à savoir les enseignants, qui devraient être concertés.
C’est le format du collège, qui reste celui d’un petit lycée, qui doit être interrogé.  De ce système, on sait qui sort gagnant : les familles et les élèves en mesure de comprendre les codes scolaires.

Tout cela est inquiétant et décourageant à la veille d’une réforme du cycle 4 que le ministère envisage. Il faudra, enfin, tenir compte des erreurs passées !