Le pacte enseignant : quand l’Éducation Nationale creuse les différences salariales entre les femmes et les hommes !

Publié le mercredi 31 mai 2023
Par Laurelenn MARI

Tout d’abord, exposons des faits d’inégalités entre les femmes et les hommes dans la société française… car les éléments exposés ci-dessous sont révoltants...

Le pacte enseignant: quand l’Education Nationale creuse les différences salariales entre les femmes et les hommes !

Tout d’abord, exposons des faits d’inégalités entre les femmes et les hommes dans la société française… car les éléments exposés ci-dessous sont révoltants :

  • l’INSEE précise que les femmes retraitées touchaient une pension 24% inférieure à celle des hommes fin 2019 (soit 1272€ en moyenne). Mais lorsqu’on prend uniquement en compte la pension de droit direct, l’écart entre les femmes et les hommes s’élève à 39% voire 40%, tous régimes de retraite confondus, en 2020 (contre 50 % en 2004). Et cela, c’est sans parler de la dernière réforme… (travail entre 7 à 9 mois de plus que les hommes etc.).
  • environ 83% des familles monoparentales ont une femme comme parent isolé selon l’INSEE. La précarité touche davantage les familles avec une mère comme « parent isolé » qu’avec un père (en 2018, 45% des enfants sont pauvres dans une famille monoparentale avec la mère contre 22% avec le père).
  • toujours d’après l’INSEE, les mères sont davantage impactées professionnellement par la maternité, que les pères par la paternité. Les mères de très jeunes enfants sont bien plus fréquemment concernées par un temps partiel (ou un congé parental) contrairement aux pères. Elles sont également « plus nombreuses à déclarer ne pas avoir assez de temps pour effectuer correctement leur travail » quand les pères « augmentent plus fréquemment leur temps de travail après l’arrivée d’un enfant ». Les enfants impactent donc davantage le salaire et la carrière des mères que des pères.

Revenons-en au pacte : le fameux « travailler plus pour gagner plus ». Dans un métier majoritairement féminin comme l’enseignement (et encore plus dans le premier degré avec 83% de femmes PE), le pacte ne fera qu’accentuer les différences salariales entre les femmes et les hommes. En effet, en aucun cas le pacte ne permettra aux parents isolés, en majorité des mères, de se battre au quotidien contre la précarité.
Comment travailler plus pour gagner plus, alors que l’on est déjà tiraillé entre sa carrière professionnelle et sa vie personnelle ? Et comment travailler plus permettra de gagner plus quand il faudra payer un moyen de garde supplémentaire ? Sans parler du fait que cela ne comptera pas pour la retraite (il s’agit d’une prime et non d’un gain indiciaire) et que les personnels engageront des frais pour se déplacer (les PE « intéressés » pour aller en collège ne seront pas remboursés des frais de route) !
Comment travailler plus pour gagner plus lorsque les conditions de travail sont déjà dégradées ? Les risques psycho-sociaux liés à la surcharge de travail ne feront qu’augmenter le risque d’épuisement professionnel déjà plus élevé chez les femmes. Le Pacte augmente donc les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, fragilisant davantage ces dernières.

Pour le Sgen-CFDT, une véritable revalorisation et une reconnaissance des missions déjà existantes sont nécessaires. Les augmentations liées au socle sont une avancée (doublement de l’ISAE/ISOE), mais elles sont insuffisantes et encore en deçà de l’inflation subie au quotidien. Si l’on veut cesser de précariser les métiers de l’enseignement et plus particulièrement les femmes, il est urgent que le ministère de l’Education Nationale se saisisse de ce sujet et agisse en leur faveur.

… Ce billet d’humeur cible les personnels enseignant.es mais lorsqu’on parle de précarité, n’oublions pas les plus précaires que sont les contractuel.le.s (AESH, AED…), les personnels administratifs… Là aussi, le Sgen-CFDT porte d’importantes revendications salariales.

Sources

Sur les retraites:

Les conditions de travail des mères :

Laurelenn MARI
Sgen-CFDT Midi-Pyrénées