Billet d’humeur : infirmier, une profession malade ?

Le magazine "Envoyé spécial" a consacré le jeudi 7 septembre 2017 un reportage à l’hôpital public, où productivité, rentabilité, management et équilibre budgétaire riment avec souffrance au travail et suicides de soignants.

L’émission Envoyé Spécial : conditions de travail, un constat alarmant

Depuis juin 2016, quinze soignants (dont de nombreux infirmier·es) se sont suicidés en France.infirmier scolaire et en milieu hospitalier

Productivité, rentabilité, management, équilibre budgétaire s’appliquent désormais à l’hôpital public pour combler le déficit de la Sécurité sociale (6,1 milliards d’euros).

Ces nouvelles méthodes de gestion imposées par l’État ne sont pas sans dommages pour le personnel soignant, qui se voit imposer des techniques de management où le personnel est surmené et déprimé, et où le risque d’erreur médicale est omniprésent.

Le matériel vieillissant n’est pas remplacé et le nombre de soignants prévu par la loi, comme par exemple en réanimation, n’est pas respecté.

Tarification à l’activité

En 2004, Madame Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé, a mis en place une tarification à l’activité dont le but était de lutter contre l’accentuation du déficit de la Sécurité sociale. Ce mode de financement des établissements français est issu de la réforme hospitalière du « plan hôpital 2007 ». Il modifie profondément les modalités de financement des établissements de santé en passant d’une logique de moyens à une logique de résultats.

Pour la santé scolaire, pas question d’aller dans ce sens-là, ou bien la présence d’infirmier·es dans les établissements scolaires ne se justifiera plus !

L’importance des CHSCT

sante hopital infirmierPour éviter d’en arriver aux dérives du management hospitalier, l’action concertée d’un syndicat général en Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) est fondamentale.

Pour la CFDT, les membres élus en CHSCT ont une importance capitale dans l’évaluation des conditions de travail et les répercussions qu’elles peuvent avoir sur la qualité de celui-ci et sur le bien être des agents.

Attentive à cela, la CFDT œuvre à ce que nos établissements de soins recouvrent leur dimension humaine et que cesse la souffrance des soignants, dont l’altruisme n’est plus a démontrer.

Alors même que les hôpitaux essaient d’humaniser les robots (technologie indispensable à l’amélioration des techniques et méthodes de soins), il semble cependant indispensable de ne plus imposer aux êtres humains y travaillant des méthodes de management visant à les robotiser !

Nos revendications pour l’Éducation nationale

Dans l’Éducation nationale certaines enquêtes « statistiques » peuvent faire craindre une évaluation erronée du travail des infirmier·es. Leur interprétation à charge pourrait donner lieu à des restrictions de moyens humains ou budgétaires.

Les infirmier·es de l’Éducation nationale établissent quotidiennement un recueil de données de passages des élèves à l’infirmerie sur un logiciel (« SAGESSE »), que le Sgen-CFDT dénonce comme n’étant absolument pas adapté et non représentatif du travail réel des professionnels.

Chaque fin d’année scolaire un document statistique de la DGESCO est demandé aux infirmier·es. Le but de ce document est très flou et ne cible que certaines missions des infirmier·es de l’Éducation Nationale. Le Sgen-CFDT revendique que les statistiques de la DGESCO soient plus représentatives de la réalité du terrain et du travail de ces professionnels de la santé en milieu scolaire et universitaire.