Comme l’a exprimé la CFDT, le suicide de notre collègue Caroline Grandjean, suite à un harcèlement homophobe est « insupportable et choquant ». La CFDT et les organisations syndicales de la F3SCT ministérielle réclament depuis des années des données fiables et une réelle politique de prévention.
Une sous-estimation chronique de la réalité
Les chiffres donnés par le ministère sont contestés depuis des années par les organisations syndicales.
Basés sur les remontées des académies, les bilans présentés en CHSCT puis en F3SCT sous-estiment gravement le risque suicidaire chez les agents de l’éducation nationale.
En février 2020, en réponse à une question d’un parlementaire, le ministère annonçait 58 suicides pour l’année 2028-19 sur 992 600 agents.
Trois ans plus tard, en 2022, plus aucun suicide signalé… « seulement » neuf tentatives.
Notre employeur ne dispose en fait d’aucune donnée ni analyse fiable.
Malgré les promesses renouvelées à chaque nouveau drame, aucune politique de prévention n’est mise en place.
Un sujet délaissé par le ministère alors que les alertes augmentent
Une situation dénoncée en 2024 par la CFDT en déclaration liminaire de la F3SCT : « il y aurait eu 9 tentatives. Cependant, aucun suicide n’est imputable au service en 2022. Des chiffres qui laissent sceptiques les organisations syndicales au regard de nos propres retours de terrain… ».
De son côté, le site de référence « Souffrance et travail » indique que :
Les témoignages abondent. On parle de dizaines de suicides chaque année parmi les enseignants et personnels de l’Éducation Nationale.
Certaines associations d’entraide entre agents avancent même des chiffres beaucoup plus importants.
Un groupe de travail ministériel obtenu par les syndicats… enfin !
Au printemps 2025, les organisations syndicales de l’académie de Normandie alertaient sur une vague de 9 suicides ou tentatives en 7 mois.
Une énième alerte relayée par les représentants du personnel en formation spécialisée ministérielle.
En juin dernier, le ministère programmait – enfin ! – un groupe de travail de cette instance pour investiguer cette problématique.
Première réunion prévue le 16 octobre.
Construire une politique de prévention : les outils existent
C’est la création des CHSCT dans l’éducation nationale en 2010 qui a permis de faire bouger les choses.
Et malheureusement aussi celle de drames médiatisés comme le suicide de Christine Renon en 2019.
Suite aux travaux du CHSCT ministériel, un « GUIDE D’ACCOMPAGNEMENT POUR LE TRAITEMENT D’INTENTION SUICIDAIRE DE PERSONNELS » voyait le jour en 2021.
Il ne figure plus sur la page « Santé au travail » du ministère et doit être remis à jour.
Il a servi de base à l’élaboration de guides académiques comme celui de Créteil.
Les représentants des personnels siégeant localement en formation spécialisée participent aux enquêtes qui suivent ces drames.
Sous leur impulsion, plusieurs outils et actions ont vu le jour : numéro vert, réseau Pass, guide de prévention dans certaines académies… Mais ils restent peu connus des agents en raison des carences des acteurs censés les diffuser.
Les propositions de la CFDT : formation des encadrants RH, médecine de prévention, rôle des formations spécialisées et des assistants de prévention
Outre la mise à jour et la diffusion du guide ministériel, la CFDT portera plusieurs problématiques et demandes lors des prochains groupes de travail.
Il s’agit de situations lourdes humainement et psychologiquement pour les entourages privés et professionnels de l’agent.
Il convient donc de ne pas porter d’appréciations hâtives et de se méfier des tentatives d’instrumentalisation.
Ces actes relèvent du régime des accidents de service qui détermine le droit au CITIS. C’est l’administration qui détermine le lien avec le travail, en général par le biais d’une expertise et/ou d’une enquête administrative.
En cas d’imputabilité, cette démarche se double d’une enquête obligatoire de la formation spécialisée (article R253-49 du CGFP).
La CFDT demande que le rôle de la formation spécialisée soit renforcé en cas d’acte suicidaire d’un agent.
Notre fédération veut également travailler sur la question de la formation des assistants de prévention et encadrants de proximité RH (chefs d’établissements, IEN, ..).
Le rôle primordial et non assuré de la médecine de prévention.
Mais l’acteur principal d’une telle politique, prévu par les textes, ce sont d’abord les services de médecine de prévention.
Or, comme pour l’amiante ou la santé des femmes au travail, la CFDT ne cesse de dénoncer l’incapacité à assumer ces missions faute d’effectifs suffisants.
À peine 40 000 visites de prévention assurées alors qu’il en faudrait 200 000 par an.
C’est pourquoi, comme pour les autres sujets de santé au travail des agents de l’éducation nationale, la CFDT continuera de demander que la médecine de ville soit associée à la médecine de prévention.
Rappels utiles :
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- 3114 – Numéro National de Prévention du Suicide. Accessible 24/24 et 7/7 – gratuit et confidentiel
- Que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidaire ? Protocole du ministère du travail, de la santé, de la solidarité (adresses, numéros utiles, conduite à tenir, …)
- Des exemples de Guides académiques : Aix-Marseille, Créteil
- 0 805 500 005 Cellule d’écoute nationale pour les personnels de l’Éducation nationale accessible gratuitement 24 h/24 et 7 j/7. Ce dispositif national des Espaces d’accueil et d’écoute (EAE), assuré par une équipe de psychologues, est mis à disposition de l’ensemble des agents par la MGEN. Accessible gratuitement 24 h/24 et 7 j/7, pour une écoute individuelle et anonyme. Il permet d’accompagner les personnels sollicitant un besoin de soutien psychologique.