Le 13 juin 2023 le Sgen-CFDT appelle les AESH à faire grève. En cause, une précarité trop grande liée au statut et au temps de travail.
Constatant le retard pris sur les négociations salariales, le Sgen-CFDT a décidé d’appeler les collègues AESH à faire grève le mardi 13 juin 2023. En avril, le ministère avait lui-même fait des propositions de prime pour correspondre à 10% d’augmentation. Il semble les avoir totalement oubliées !
Les raisons de la colère : salaire
Les AESH font partie de ces agent·es contractuel·les de l’Etat aux grilles de salaires trop basses. Il a fallu à plusieurs reprises procéder à des revalorisations. Si le ministère ne l’avait pas fait, il y aurait des « pieds de grille » sous le SMIC ! Mais l’inflation rattrape très rapidement cette politique de petits pas.
Rappelons qu’il faut 9 ans en début de carrière pour obtenir 21 euros de plus… en salaire brut et à temps plein. Soit 16 euros de plus pour 9 années de travail et à temps partiel la paie augmente donc… de 7 euros.
En 33 ans de carrière, une AESH gagne 319.50 euros de plus qu’au début de sa carrière… à supposer d’être à temps plein.
C’est encore pire bien sûr pour les temps partiels à 62%, la majorité de la quotité des AESH (24 h hebdomadaires). En effet, la « hausse » se chiffre à 198 euros net, passant de 840.10 à 1038.19.
Les raisons de la colère : temps de travail et précarisation via les PIAL
Quelques collègues dans le 2nd degré ont pu avoir en début de carrière des accompagnements d’élèves plus longs leur permettant d’avoir 30 parfois 32 heures de travail.
Le PIAL en instaurant une règle tacite pour interchanger les AESH a conduit les DSDEN à ne faire des embauches plus que sur 24h. Ainsi une AESH du 2nd degré peut remplacer une AESH du 1er degré.
Il subsiste quelques établissements du 2nd degré proposant des contrats supérieurs. Ce n’est dû qu’à l’obstination de quelques personnels de direction. Et le contrat ne tient que pour un an.
Le fonctionnement actuel des PIAL a donc dévié bien loin des objectifs initiaux. Rappelons ces objectifs :
- permettre une meilleure adéquation entre les besoins des familles et les ressources en AESH. L’idée d’avoir des affectations au plus près des territoires devait le permettre. Notons l’insuffisance des moyens dégagés pour gérer les affectations – quelques décharges de direction pour les coordo, rien pour les pilotes.
- augmenter le temps de travail des AESH… raté, totalement raté !
- permettre plus de travail interdisciplinaire. C’était un objectif louable. Là encore, on ne peut que constater les lacunes sur le terrain pour la mise en place.
En attendant, une affectation sur un établissement précis sécurisait les AESH. L’institution exige désormais une polyvalence et une flexibilité bien trop pesantes. Ainsi, on peut avoir, y compris en cours d’année,
- à changer de niveau – maternelle, primaire, collège, lycée, supérieur (BTS….) –
- à jongler entre le réseau public et le réseau privé,
- à jongler entre un accompagnement co, mutualisé ou individualisé
- à faire un peu de tout cela 🙃 (cas limite mais pas impossible)
La goutte d’eau : fusion AESH/AED
Pour l’instant aucun texte officiel ne vient ratifier cette nouvelle « bombe » lancée durant la conférence nationale sur le handicap. Des expérimentations seraient en cours ici ou là. Mais la profession le vit comme une marque de mépris supplémentaire. En plus de la polyvalence décrite plus haut, il faudrait également assumer des missions de surveillance… qui n’existent pas dans le 1er degré. Nous avions d’entrée de jeu pointé les impossibilités techniques sur l’accompagnement péri-éducatif. Comme les faits nous ont donné raison, le ministère invente autre chose, tout aussi mal ficelé.
Au lieu de donner un vrai statut au métier d’AESH, le ministère continue de bricoler des solutions sans avenir.
Nos revendications
- Un salaire décent avec une vraie progression de carrière, au moins 10 points d’indice entre chaque échelon
- Un véritable statut de catégorie B de la Fonction publique reconnaissant le métier d’AESH qui permettrait une revalorisation salariale
- La garantie de pouvoir travailler à temps complet
- L’amélioration du fonctionnement des PIAL et de la politique de mutualisation des moyens
- L’accès à des formations qualifiantes
- Le recrutement d’AESH supplémentaires pour un accompagnement à la hauteur des besoins. Un pôle d’AESH remplaçantes pour éviter la flexibilité à outrance des remplacements internes.