2 h de sport au collège : un remède inadapté au diagnostic !

Annoncées directement par le président de la République en avril 2022, les « deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens » vont se déployer sur le territoire pour cette rentrée 2023.

Ces 2 h de sport en plus affichent pour « finalité de soutenir la pratique sportive des collégiens qui connaissent, entre 11 ans et 14 ans, un décrochage significatif de la pratique sportive (…) ».

Enjeux de santé publique, enjeux sportifs : une analyse simpliste et un remède inadapté

Pour le Sgen-CFDT, ces annonces révèlent une analyse simpliste de sujets sociétaux.

  • La santé des jeunes est un sujet sociétal à part entière, qui dépasse la question de la sédentarité.
  • La question de la sédentarité est un sujet. Mais la réponse dépasse amplement la question des jeux olympiques et de la pratique sportive fédérale…
  • Imaginer mobiliser des élèves en rupture avec l’activité physique, et donc bien souvent avec son modèle dominant sportif, en proposant plus de sport… nous interroge.
  • Et ces enjeux sociétaux posés au sein du collège, mais pensés avec des acteurs extérieurs à l’école, génèrent une nouvelle fois une grande confusion. Ces dispositifs risquent d’affaiblir les propositions éducatives faîtes en matière d’activités physiques, au sein du collège, par les enseignants d’EPS.

« 2 h de sport en plus » ne prend pas en compte les personnels impliqués et les propositions déjà en place au collège

L’expérimentation lancée dans 170 collèges n’a pas fait l’objet d’une évaluation partagée. Il aurait été nécessaire de réengager un temps de dialogue et de réflexion, a minima sur les conditions de faisabilité et de pertinence de cette offre. Nous soulignions déjà de nombreuses interrogations et de nombreuses limites lors de la mise en place de l’expérimentation.

Renforcer une EPS variée et de qualité, accessibles à toutes et tous

L’EPS reste le premier atout et espace pour mobiliser les jeunes et susciter une adhésion et une réflexion sur leur pratique. Aujourd’hui, de nombreux collèges ne sont pas en mesure d’assurer l’ensemble des champs d’apprentissages (notamment la natation ou les activités de pleine nature).
Il est nécessaire d’apporter, sur tout le territoire, des réponses aux questions d’installations, de personnels et de formation.

Renforcer aussi l’Association Sportive

Aujourd’hui les AS ont du mal à trouver des créneaux pour proposer des activités aux élèves. Difficile de jongler avec les emplois du temps des élèves, la disponibilité des installations municipales, largement occupées, et les contraintes de ramassage scolaires…

Dans ce contexte, voir s’installer cette proposition de deux heures supplémentaires d’activités physiques et sportives, définie en plus comme gratuite, ne nous semble pas adaptée et risque d’affaiblir les propositions des AS. Il est avant tout nécessaire de :

  • subventionner davantage les AS d’établissement pour leur permettre d’évoluer (achat de matériel, sorties, …),
  • prioriser l’accès aux installations pour les pratiques de l’AS le mercredi après-midi notamment.

Repenser la place du corps à l’école et reprioriser l’EPS et l’AS au collège.

Pour le Sgen-CFDT, l’énergie des équipes éducatives devrait plutôt être mobilisée sur la question du corps à l’école et de l’épanouissement des jeunes dans l’offre éducative actuelle et à inventer, plutôt que sur la possibilité de dégager du temps pour de nouveaux dispositifs externalisés.
De son côté, l’offre municipale reste, elle aussi, à soutenir, là encore en questionnant l’existant et l’accès à tous les publics sur ces temps périscolaires. En ce sens, le territoire éducatif garde toute son importance.