Aujourd’hui, dans le Lot comme ailleurs, les personnels de l’Éducation nationale ne doivent plus se taire. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : nos conditions de travail se dégradent. Nous tirons la sonnette d'alarme !
Elles se dégradent à un point tel qu’aller travailler relève pour beaucoup d’un effort physique et psychologique quotidien. Et pourtant, sur le papier, tout irait bien. L’école se voudrait inclusive, moderne, accueillante. Sur le terrain, c’est une autre histoire.
L’école inclusive… ou la maltraitance organisée :
Derrière les grands principes affichés de l’école inclusive se cache une réalité bien plus sombre : celle d’une maltraitance, pour les personnels comme pour les élèves. Les inclusions qui nous sont imposées sont, dans les cas les plus lourds, irréalisables. Les locaux sont inadaptés, les effectifs ne permettent pas un accompagnement digne, et la formation fait cruellement défaut.
Résultat : les enseignants et AESH travaillent dans l’angoisse, la culpabilité, la douleur. Certains terminent leur journée avec le dos brisé ; d’autres rentrent chez eux le moral en miettes. Et comme si cela ne suffisait pas, la maltraitance institutionnelle se pare des atours vertueux de la loi de 2005. Les remontées issues de la récente semaine de l’école inclusive sont alarmantes : les personnels n’en peuvent plus de porter seuls un système qui refuse de reconnaître ses propres limites. L’école ne pallie pas tout, elle ne le peut pas.
Ce que souhaite la CFDT Education dans le Lot :
La CFDT revendique un statut de catégorie B pour les AESH, une rémunération plus juste et une vraie formation. L’école inclusive mérite des moyens humains et financiers à la hauteur des besoins. L’inclusion telle qu’elle est proposée actuellement est un pansement sur une plaie ouverte…
La difficulté d’accès aux soins :
Dans le Lot, trouver des spécialistes, avoir un rendez-vous au CMP, au CMPP, en libéral… relève du miracle (ou d’une patience hors norme… plusieurs mois d’attente, voire un an !). La fin du CCTA et d’Occitadys sonnent comme la fin d’un système déjà grippé.
Les enseignants sont assommés d’injonctions: « Faites des PPRE / PAP pour aider ces élèves ! » « Faites appel au RASED ! » (RASED qui, lui non plus, n’a pas encore trouvé de formule magique et qui tente, avec ses moyens, d’aider les écoles et les collègues démunis tout en n’étant pas défrayé à la hauteur des déplacements effectués). En attendant, la difficulté s’installe, évolue, grandit et l’enfant entre alors dans le champ du handicap.
La CFDT Education dans le Lot demande :
Un vrai travail avec l’ARS est nécessaire pour mettre en place des parcours de soins, déployer une offre médicale et médico-sociale plus importante à l’échelle du département et permettre aux élèves et à leurs familles d’obtenir des prises en charge rapides .
Des personnels à bout, abandonnés par leur hiérarchie :
Dans ce contexte, les personnels vont mal. Très mal. Ils confient leur détresse, parfois même leur incapacité à continuer. Mais à qui parler quand la hiérarchie ne répond plus ? Les courriers restent sans réponse durant des semaines parfois, les demandes d’aide s’enlisent, les alertes sont ignorées. Ce manque d’écoute est une honte. On demande aux équipes de tenir coûte que coûte, tout en fermant les yeux sur les souffrances qu’elles expriment. À force de nier la réalité, on laisse s’installer une crise humaine profonde.
La CFDT Education dans le Lot rappelle:
Les risques psycho-sociaux sont réels et il faut en tenir compte. Notre hiérarchie doit être soutenante et rappeler aux collègues que des aides existent (réseau PAS de la MGEN par exemple). Il ne faut pas non plus oublier les registres de sécurité qui ont un rôle à jouer important (RSST, DUER). En cas d’agression physique ou verbale, de diffamation… il ne faut pas hésiter à demander la protection fonctionnelle, à déposer plainte, à déclarer un accident de service.
Violences avec les familles, pauvreté et détresse sociale : un quotidien sous tension :
À tout cela s’ajoute une montée préoccupante des violences verbales — et parfois physiques — de la part de certaines familles. Pression, agressivité, menaces, incivilités : les personnels se retrouvent de plus en plus souvent en première ligne face à des situations explosives. La pauvreté croissante et l’aggravation des difficultés sociales pèsent lourdement sur l’école, qui devient le réceptacle de toutes les fractures du territoire. Les enfants arrivent fatigués, inquiets, en manque de repères, et les parents, eux-mêmes en détresse, reportent parfois leur frustration sur les équipes éducatives. Les remontées de terrain font l’état d’une recrudescence de la violence dans les établissements scolaires et d’un abandon éducatif de la part de certaines familles. L’école fait ce qu’elle peut, bien au-delà de ses missions initiales, mais sans moyens supplémentaires pour affronter cette réalité. Jusqu’à quand pourra-t-on tenir ainsi, pris en étau entre l’urgence sociale et l’absence de soutien institutionnel ? Jusqu’à quand tenir lorsque la santé mentale de tous est en jeu ?
La CFDT est à vos côtés:
Ne restez pas seuls ! Le syndicat est là pour vous soutenir et vous conseiller. En cas d’agression physique ou verbale, de diffamation… il ne faut pas hésiter à demander la protection fonctionnelle, à déposer plainte, à déclarer un accident de service.
La CFDT demande:
Un vrai travail entre l’inspection académique et les différents partenaires de l’enfance sur des thèmes primordiaux comme les temps de l’enfant, l’éducation et la parentalité.
Le manque de remplaçants, une crise devenue tristement banale :
À cela s’ajoute une pénurie de remplaçants devenue structurelle. Les écoles se retrouvent en difficulté, les élèves sont répartis, les parents s’agacent, les équipes s’épuisent. Peut-on vraiment parler de bonnes conditions de travail ? Quand le corps lâche et que le mental s’effondre, comment continuer d’assurer sereinement sa mission ? Et lorsque l’hiver arrive, avec son cortège de virus transmis par des enfants que les parents, contraints de travailler, envoient malgré tout à l’école, nous sommes pénalisés d’un jour de carence et d’une perte de 10 % de notre salaire. Double peine : malade, contaminé, et sanctionné.
La CFDT souhaiterait:
La prise en compte des difficultés liées à la pénurie de remplaçants. Les directrices et les directeurs non remplacés pour leur décharge doivent avoir du temps libéré pour réaliser leurs tâches administratives. La répartition des élèves n’est pas une solution et dégrade fortement les apprentissages et les conditions de travail : une augmentation du nombre de remplaçants sur le département est à envisager (sous certaines conditions, voir le compte-rendu du groupe de travail sur la carte scolaire du 1er décembre ici).
La section lotoise de la CFDT Education Formation Recherche Publiques de l’académie de Toulouse tire la sonnette d’alarme. Pour un service public déjà fragilisé, pour les élèves qui méritent mieux que des systèmes bricolés, et pour les professionnels qui, chaque jour, donnent plus que ce qu’on peut raisonnablement attendre d’eux. Aujourd’hui, c’est l’école toute entière qui s’effondre.