CIO et rentrée : entretien avec Élodie Girardet

Entretien avec Élodie Girardet, directrice de centre d'information et d'orientation (CIO) en Seine-Saint-Denis et militante Sgen-CFDT. Un extrait de cet entretien a paru dans la rubrique « Rentrée 2020 » du magazine Profession Éducation, n° 276 - Été 2020.

CIO Elodie Girardet

CIO : quelles leçons tirer de la période de confinement ?

 

Comment le travail s’est-il réorganisé au sein de ton CIO, au moment du confinement ?

Dans l’académie de Créteil, nous disposons d’un ordinateur portable par psychologue. L’activité à distance a donc pu se mettre en place rapidement, que les réunions aient concerné le CIO ou les établissements scolaires. Nous avons également pu utiliser l’outil du Centre national d’enseignement à distance (Cned), « blackboard », pour gérer les contacts avec élèves et familles.

Par contre, les psy-EN n’étant pas dotés de téléphone portable professionnel, ils ont dû utiliser leur propre téléphone et appeler en mode masqué les familles, qui ne répondaient pas forcément. Comme l’essentiel des contacts s’est fait par téléphone, les horaires de travail ont explosé avec un temps mobilisé principalement en soirée.

Comme l’essentiel des contacts s’est fait par téléphone, les horaires de travail ont explosé…

Au début, nous avons procédé de façon un peu anarchique, puis le service académique d’information et d’orientation a proposé aux équipes des formations pour utiliser les outils. Les formations proposées par Canopé ont été aussi très utiles, notamment pour apprendre à récupérer la parole des élèves. Le rectorat a doté en smartphone les directrices et directeurs de CIO, donc ces personnels ont assuré la permanence téléphonique des centres.

Au final, l’activité s’est quand même beaucoup recentrée sur les situations urgentes…

Au final, l’activité s’est quand même beaucoup recentrée sur les situations urgentes : orientation en section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa), accompagnement pour les inscriptions à Parcours Sup, orientation post-troisième avec, dans les deux derniers cas, des interventions en classe virtuelle en demi-groupe ou en entretien individuel. À noter que ces classes virtuelle se sont beaucoup plus déroulées en audio qu’en visio, car  nombreuses sont les familles en Seine-Saint-Denis (93) à n’avoir qu’un smartphone.

 

Dans quelles conditions l’accompagnement des élèves et des familles a-t-il pu se mettre en place ?

L’équipe s’est rendue très disponible pour suivre des élèves, même si toutes les familles n’ont pu être jointes.

Les entretiens téléphoniques se sont révélés assez complexes, car on ne pouvait pas s’appuyer sur les documents papier, mais également par manque de feed-back visuels sur la façon dont les élèves et les parents recevaient ce que le psychologues disaient.

 

Certaines actions menées te paraissent-elles devoir être pérennisées pour accompagner les parcours d’élèves ?

Concernant le travail à distance, nous devons maintenir le principe d’échanges plus fréquents, peut-être moins longs, avec les équipes pédagogiques. D’autres part, les personnes sont beaucoup plus à l’aise actuellement pour mener un vrai entretien par téléphone. Le confinement a montré que pour bénéficier de cet accompagnement, les familles ne doivent pas obligatoirement se déplacer – ce qui, pour certaines, restent compliqué.

Cette période a fait naître chez beaucoup d’élèves une forte attente…

Cette période a fait naître chez beaucoup d’élèves une forte attente, ils ont été contents de pouvoir revenir en classe. Nous devons travailler ce moment, leur permettre de prendre la parole pour exprimer leur vécu, avoir un retour d’expérience en quelque sorte. Avec l’équipe du CIO, nous souhaitons infléchir nos programmes d’action dans ce sens.

 

En quoi les ressources de l’Onisep ont-elles permis une meilleure prise en charge des élèves ?

En fait les outils de l’Onisep se sont révélés assez peu adaptés à la situation. Leur utilisation nécessite d’être guidé. Il leur manque justement la dimension interactive qui permettrait au psychologue d’interagir avec l’élève au moment où il utilise les outils. C’est plus simple quand l’échange a lieu par mail, car on peut adresser des liens pour diriger les élèves sur le bon outil. Mais ces outils restent assez difficiles à utiliser par les élèves de façon autonome.

 

L’orientation est un dossier partagé au sein des établissements scolaires. La collaboration entre différents personnels n’est pas toujours simple. Comment cela a-t-il fonctionné à distance ?

Le distanciel n’a pas beaucoup changé les choses de ce point de vue. Beaucoup dépend de l’équipe de direction. Là où elles impulsaient des dynamiques collaboratives, celles-ci se sont poursuivies, notamment entre psychologues et professeurs principaux. Là où les équipes sont plus dans l’attente, cela a été encore plus compliqué.