Le Conseil Supérieur des programmes était une institution prometteuse créée par Vincent Peillon, sous la présidence de François Hollande. Il devait être indépendant, mais avec Blanquer, il ne l'est plus. Il devait être un lieu de débat, il ne l'est plus. Bref, c'est désormais une coquille vide..
De nombreuses démissions au CSP – sur FranceInfo.fr
Depuis la démission de Michel Lussault, l’ancien président du CSP sous Najat Vallaud Belkacem, le CSP ne remplit plus son rôle qui était d’être un organe indépendant et un lieu de débat. Plusieurs événements dans l’actualité récente le démontrent : la démission de très nombreux membres opposés aux pratiques de la nouvelle présidente du CSP, Souad Ayada (qui donne par ailleurs des interview au magazine d’extrême droite Causeur…). Voici quelques extraits d’articles parus récemment dans la presse pour comprendre la profonde crise de défiance à la fois contre le CSP et quoiqu’il en dise, le ministère de l’Education Nationale qui l’a nommée.
« Quand on sent qu’on n’est pas entendu, mieux vaut arrêter. » Marie-Aleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart Monde, a annoncé sa démission du Conseil supérieur des programmes, dimanche 30 septembre. « Jusqu’ici, j’avais le sentiment qu’on pouvait parler de points qui nous tenaient à cœur », explique-t-elle à franceinfo. Elle regrette aujourd’hui l’absence de débats au sein de l’instance et le manque de considération du ministère de l’Education nationale, qu’elle soupçonne de mener seul la réforme des programmes du lycée. Elle craint également que ne soient oubliés les élèves en difficulté.
Quand le président a parlé des ‘premiers de cordée’, nous avons eu quelques échanges à ce moment-là (…) J’ai bien senti que nous ne parlions pas des mêmes enfants, que les enfants dont je parle – les plus défavorisés – ne sont pas pris en compte de la même façon que les autres.à franceinfo
Marie Aleth Grard, a expliqué au Café Pédagogique les raisons de sa démission – extraits
Quel a été l’élément déclencheur de votre démission du CSP ?
Je continue à faire chaque semaine des conférences avec des enseignants sur la relation entre grande pauvreté et école. Et on me présente comme membre du CSP. Or je ne suis plus en accord avec la présidente du CSP et beaucoup de ses membres. Je ne peux plus vivre cette contradiction.
Sur quoi porte votre désaccord ?
Sur le fait qu’on ne peut plus discuter au CSP. C’est devenu un lieu où on enregistre les textes proposés mais où il est impossible d’avoir des discussions. Nous étions un lieu où on écoutait la parole des autres. Ce n’est plus le cas. Je préfère arrêter.
Vous vous sentez isolée ?
J’ai voulu réagir à une intervention sur les « premiers de cordée » tenue par un parlementaire membre du CSP. La formule fait référence à un discours d’E. Macron. Elle désigne ceux qui réussissent bien dans la vie.
Un député s’inquiétait que les autres élèves ne freinent pas les premiers de cordée. Or pour moi c’est justement faire sa scolarité ensemble , réfléchir ensemble, qui va faire que les excellents élèves continueront à être excellents et que les autres avanceront. Les plus avancés ont aussi besoin des plus faibles pour se former.
Je ne pouvais pas laisser dire que las enfants défavorisés n’ont pas leur place à l’Ecole. Mais pour la présidente, la discussion a été immédiatement close. Visiblement on n’est pas là pour débattre.
Vous craignez que les intérêts des plus démunis ne soient plus pris en compté ?
Clairement oui. Cela se voit déjà dans la façon de s’exprimer au CSP. On n’est pas proche du tout des parents en général, et encore moins des parents pauvres.
Or la richesse du CSP était dans ses débats. Je me souviens des discussions sur le programme de maternelle. On s’est entouré de spécialistes et on a aussi consulté les enseignants. On a eu énormément de réponses ! Et on a revu notre copie en fonction d’elles.
Les associations disciplinaires refusent de siéger pour une parodie de consultation
Un fait rare, les associations disciplinaires qui représentent les professeurs de chaque matière ont uni leur voix dans un communiqué dénonçant les méthodes de la nouvelle présidente.
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Les membres de la Conférence des associations de professeurs spécialistes dénoncent les conditions dans lesquelles le Conseil supérieur des programmes entend les recevoir afin de discuter des projets de programme du lycée, en refusant de leur faire parvenir le moindre document préparatoire témoignant de l’avancement actuel de sa réflexion, pourtant présentée comme « en voie d’achèvement ».
Ayant fait des propositions au printemps, parfois sur sollicitation du Conseil, les représentants des associations comprennent mal qu’aucun projet ne puisse maintenant leur être communiqué en amont, afin de préparer les réunions.
Chacune d’elles décidera de rencontrer ou non les groupes de travail, mais toutes regrettent un manque de transparence plus propre à la défiance qu’à une véritable concertation, et nuisible à la qualité et au sérieux qui doivent présider à de tels travaux. «