Les PsyEN reçus au ministère

Le Sgen-CFDT a été reçu en audience afin d’aborder le manque d’attractivité du métier de psychologue de l’Éducation nationale et les facteurs explicatifs : la mobilité géographique, les évolutions de carrière, la rémunération et les conditions de travail.

Le 11 mai 2023, le Sgen-CFDT a rencontré Marc Estournet, directeur-adjoint à la DGRH.  Cette audience en bilatérale a permis de porter les problématiques des psyEN et les revendications du Sgen-CFDT. Que retenir de cette réunion ?

Le constat du Sgen-CFDT : un manque d’attractivité du métier de PsyEN

1. Concours de recrutement des psyEN.

Au concours de recrutement de 2022, 106 candidat.es ont été admis.es au concours EDA alors que 130 postes étaient proposés.
Au 3ème concours EDA, aucun admis alors que 5 postes étaient offerts.
En 2023, 99 candidat.es ont été admis.es au concours externe des EDA, alors que 130 postes étaient proposés.

2. Contractuel.les.

A ce jour, de nombreux postes EDA et EDCO sont non pourvus par manque de candidat.es contractuel.les. Ce problème se retrouve sur l’ensemble du territoire national.

3. CIO sans directeur/trice.

Faute de psyEN titulaires suffisants dans certains CIO mais surtout par manque de revalorisation de la fonction de DCIO, des CIO restent sans direction.

Ainsi, la question du manque d’attractivité du métier de psyEN se pose-t-elle de manière cruciale.

Un constat partagé par la DGRH :

– La DGRH précise que le manque d’attractivité est le même pour toutes les professions et est multifactoriel (reprise économique, salaires…) ;
– Il s’agit d’attirer des vocations par une meilleure connaissance du métier qui peut être une opportunité de seconde carrière.
La DGRH rappelle que l’une des mesures de revalorisation passe par une meilleure prise en compte de l’expérience professionnelle en cas de reconversion vers le métier de psyEN (à noter que l’une des mesures liées à la revalorisation concerne le reclassement : suite aux concours externe, interne, 3ème concours, les services réalisés antérieurement seront pris en compte à hauteur des deux tiers de leur durée pour déterminer l’échelon de départ et améliorer la rémunération en début de carrière).
La DGRH annonce que dans le plan de préparation de rentrée, l’accent va être mis sur le métier, ses conditions de travail, sa revalorisation et le recrutement.

Le Sgen-CFDT rappelle que la publication des postes et offres d’emploi doit être systématique et que la convention Pôle-Emploi/Éducation nationale n’est pas toujours très active en académie ce qui freine les opportunités.

Comment expliquer ce manque d’attractivité ? Quelles sont les propositions du Sgen-CFDT pour remédier à cette situation ?

La question de la mobilité géographique

Les affectations désormais nationales pour les 2 spécialités (et non plus académiques pour les EDA) génèrent une défection de candidats au concours, et des démissions après l’année de formation post concours (la mobilité liée au statut est perçue négativement par des psychologues qui, de plus en plus, ne souhaitent pas être trop éloigné.es de leur lieu de résidence).

Depuis plusieurs années, le Sgen-CFDT porte la demande d’une titularisation sans concours des contractuel.les expérimenté.es. Lorsque des agents voient leur contrat renouvelé chaque année, on peut légitimement penser que c’est parce que leur manière de servir est satisfaisante. Les acquis de l’expérience professionnelle doivent pouvoir être valorisés.
La réponse de la DGRH : la titularisation sans concours cela a déjà été fait par le passé et n’est pas exclu du champs des possibles.

Dans la plupart des centres de formation, il est quasi-impossible pour les stagiaires d’effectuer leur stage pratique dans l’académie de leur choix, ce qui dissuade d’éventuel.les candidat.es de passer le concours de recrutement des psyEN ou d’aller en formation après obtention du concours.
Le Sgen revendique que les psyEN stagiaires puissent effectuer leur stage dans les académies limitrophes à celles des centres de formation.
La DGRH s’engage à contacter les Rectorats des centres de formation concernés pour comprendre quels sont les freins et voir ce qui est peut être envisagé en ce sens.

La surcharge de travail, l’épuisement professionnel

Depuis la création du corps des psychologues de l’Éducation nationale en 2017, les conditions de travail des psyEN se sont sensiblement dégradées. La charge de travail augmente d’année en année du fait de l’accroissement du nombre d’élèves à besoins éducatifs particuliers et notamment des élèves en situation de handicap. Mais les effectifs des psyEN n’augmentent pas, bien au contraire. De nombreux postes sont non pourvus à l’heure actuelle.
Rappelons qu’en France, la moyenne est d’un psyEN EDA pour 1500 enfants (chiffres 2018/2019 dans un rapport de 2020 de la Cour des Comptes sur les médecins et les personnels de santé scolaire) alors qu’en Europe ce chiffre est de 800.
Ceci entraîne un mal-être généralisé, un épuisement professionnel et une perte de sens du travail de psychologue, aussi bien chez les titulaires que chez les contractuel.les (ce qui pousse bien souvent ces derniers/ères à démissionner).
La DEPP (Direction de l’Évaluation, de la prospective et de la performance) a publié, en octobre 2022, les premiers résultats du Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale exerçant en établissement scolaire. Les éléments déclaratifs des psyEN indiquent un indice de « satisfaction de leur travail en général » de 5,5 (sur 10). Ce chiffre est inférieur à la moyenne des français en emploi qui est de 7,2 et de la moyenne des personnels de l’Éducation nationale qui est de 6,0.

Le Sgen-CFDT propose de :

Accroître le nombre de postes au concours de recrutement des psyEN pour les deux spécialités. Cette augmentation pourrait se traduire par la mise en place d’un plan pluriannuel de recrutement des psyEN.
Les postes offerts aux concours 2023 de recrutement des psyEN (identiques à ceux de 2022) sont largement insuffisants pour pallier les postes vacants et les départs en retraite;

– Permettre la formation de plus de psychologues de façon globale en demandant à l’enseignement supérieur d’ouvrir plus de places en Master de Psychologie.
Alors que la filière « Psychologie » est en tension sur Parcoursup, de nombreux/ses étudiant.es avec une licence ne trouvent pas de places en Master alors que nous manquons de psychologues dans tous les secteurs de la société.
La DGRH note notre demande (mais l’autonomie des universités peut être un frein par rapport à cette proposition).

Réévaluer le cadre national de rémunération des contractuel.les.
L’emploi statutaire reste la priorité pour le Sgen-CFDT. Ceci dit, dans l’attente d’une politique volontariste en matière de recrutement, le recours à l’emploi de contractuel.les est nécessaire. Le Sgen-CFDT approuve la mesure annoncée par le MEN d’une revalorisation de la rémunération des contractuel.les. Mais cette mesure ne doit cependant pas empêcher des revalorisations académiques en cas de besoin.

Les perspectives de carrière des psyEN

Le Sgen-CFDT insiste sur les points suivants :

Des perspectives de carrière des psychologues restreintes avec une difficulté à évoluer au sein de l’Institution (postes à profil, promotion en classe exceptionnelle) et des iniquités d’évolution en fonction du corps d’origine;
– Des différences d’avancement (hors classe et classe exceptionnelle) entre les professeur.es des écoles détaché.es dans le corps des psyEN EDA et ceux/celles ayant intégré le corps ; et ce à profil égal. Ainsi, les collègues détaché.es qui bénéficient à ce titre de la double carrière sont globalement plus rapidement promu.es que les détaché.es;
– Dans la plupart des académies, aucun.e psyEN n’est promu.e au titre du vivier 2 de la classe exceptionnelle et très peu au titre du vivier 1.
Le Sgen-CFDT a pris note que dès 2023 le contingent de promotions serait porté à 10,5 % des effectifs du corps et qu’à compter de 2024 la logique du contingentement serait abandonnée au profit d’un taux de promotion.
Un bilan d’étape devrait être réalisé ultérieurement afin de mesurer l’impact de cette mesure pour les psyEN.

Le Sgen-CFDT revendique la mise en place de passerelles

Le passage d’une spécialité à l’autre est statutairement impossible pour les agents titulaires contrairement aux contractuel.les (à noter que certaines académies acceptent  ces passages pour une année renouvelable en fonction des postes disponibles).
Ces passerelles pourraient être opérationnelles grâce à des modalités souples, éventuellement un module de formation continue et/ou du tuilage.
La DGRH répond qu’elle a déjà connaissance de cette demande, qui sera explorée attentivement. Monsieur Estournet rappelle que le paysage indemnitaire sera favorable au corps unique avec l’alignement des primes 1er degré/2nd degré d’ici à 2024.
Le passage d’une spécialité à l’autre pourrait s’envisager éventuellement par la voie du détachement. Cette proposition sera à examiner avec la DGESCO (avec éventuellement un ajout /avenant dans les Lignes Directrices de Gestion).

La DGRH s’engage sur une mise en place des passerelles à la rentrée 2024, avec un accompagnement (sous forme de formation) des collègues souhaitant changer de spécialité.

Identité professionnelle des PsyEN

Nous observons l’arrivée dans les écoles et établissements d’intervenant.es hors Éducation nationale.
– Les missions les plus intéressantes des psyEN EDA – qui constituent le cœur de métier – sont confiées au privé et au médico-social. Les PsyEN sont de plus en plus cantonné.es à des missions d’évaluation psychométrique avec production de comptes-rendus pour la MDPH, la CDOEA;
– La question du sens du métier de psyEN est posée avec pour corollaire une mutation de l’identité professionnelle : « c’est quoi être PsyEN aujourd’hui?”;
– Des difficultés pour les psyEN EDCO en fin de carrière à délaisser les missions d’orientation et de conseil alors qu’ils/elles ont été formé.es à ces missions et les exercent depuis 30 ans. Quels aménagements vont leur être proposés ?

Le Sgen-CFDT demande :

– De faire le point sur l’ensemble des missions des psyEN, de travailler sur leur identité professionnelle, leur évolution au sein du système éducatif et leur avenir/devenir;
– La création d’un poste de psychologue référent.e ou psychologue conseiller/ère technique à tous les niveaux institutionnels (DSDEN, Académies, Ministère).
La DRH semble particulièrement attentive à l’évolution du corps unique. Elle nous a questionnées sur nos missions respectives et s’intéresse plus particulièrement à l’évolution des missions des EDCO.

Le Sgen a insisté sur le fait que si les missions devaient être amenées à évoluer, les personnels devront être accompagnés dans cette perspective.

Les revalorisations salariales des psyEN

Indemnités de fonctionpsyEN

Le Sgen-CFDT a pris acte de la revalorisation de l’indemnité de fonction concernant les psyEN, à compter de septembre 2023.
Monsieur Estournet rappelle que la DGRH est favorable à l’alignement des primes de fonctions EDA/EDCO et s’engage pour que cela soit effectif en 2024.
La DGRH précise que les psyEN bénéficieront également des mesures du « Pacte » : missions complémentaires rémunérées.
Le Sgen-CFDT demande que les missions actuellement effectuées par les collègues hors de leurs temps de service soient rémunérées (actions de formation , participation à des cellules de crise…).

Directeurs/trices de CIO

Nous soulignons le déclassement des directeurs et directrices avec la perte du grade de DCIO et du passage à la Hors-classe automatique et la non-revalorisation de l’indemnité de charge administrative qui n’a pas évolué depuis 1996 .
Le Sgen pointe également les conflits d’intérêt entre directeur/trice de CIO et psys EDCO d’un même CIO lorsque les DCIO évaluent leurs collègues tout en étant dans la même cohorte pour l’avancement à tous les niveaux (avancement accéléré, hors classe et classe ex).
Le Sgen-CFDT demande une augmentation de l’indemnité de charge administrative (ICA) des DCIO à hauteur de ce qui avait été négocié en 2017, soit une prime allant de 2000 à 3000 euros annuelle brute en fonction du nombre de personnels, et à minima un maintien de la NBI actuelle de 20 points qui devait être supprimée dans le projet de 2017.

Réponse de la DGRH : c’est noté et pas du tout hors de portée.

Le Sgen-CFDT a également indiqué qu’il pourrait être rappelé à tous les Rectorats que les psyEN doivent être dédommagé.es de l’intégralité de leurs déplacements et qu’ils/elles aient des outils appropriés (tests en particulier).

Le Sgen-CFDT sera vigilant par rapport aux suites données aux réponses et engagements de la DGRH.