Rapport sur la réforme du bac : le Sgen-CFDT jugera sur pièces

Le Sgen-CFDT attend la publication du rapport Mathiot pour se prononcer sur son contenu et sur les possibilités qu’il ouvrira, ou non, de faire évoluer positivement le lycée.

Baccalauréat - Réforme du bac et Commission MathiotCommission Mathiot : le Sgen-CFDT auditionné le 29 novembre

La commission Mathiot est censée avoir terminé ses auditions le 13 décembre même si dans les faits le calendrier très resserré qui lui a été imposé va sans doute amener un prolongement de ses travaux sur la réforme du bac.
Le Sgen-CFDT a été auditionné le 29 novembre mais n’a pas souhaité s’exprimer sur les pistes testées par la mission qui restent floues et évoluent au fil du temps. Ce sont en effet les préconisations finales qui vont compter ainsi que les modalités et le calendrier de la concertation qui doivent suivre et qui ne sont pas connus à ce jour. L’hypothèse d’une mise en œuvre a minima en seconde à la rentrée prochaine semblant se faire jour.

Ce que le Sgen-CFDT attend du rapport à venir

Pour le Sgen-CFDT une réforme du baccalauréat n’a de sens que si elle entraîne une évolution du lycée vers :

  • un lycée plus juste socialement
  • un lycée qui permet un parcours bac -3 bac +3 développant l’émancipation, un lycée dans lequel les personnels ont le pouvoir d’agir sur leur travail.

Pour le Sgen-CFDT, les critères de choix sont clairs

En conséquence le Sgen-CFDT se prononcera sur le rapport et la réforme à venir en fonction des critères suivants :

– une réforme du bac n’aura de sens que si elle permet une évolution réelle de l’architecture globale du lycée permettant la construction par l’élève de son parcours avec une seconde de transition et d’expérimentation (à la fois année socle+1 et bac-3) accueillant tous les élèves après la 3ème puis un cycle terminal modulaire permettant une spécialisation progressive. Dans cette optique la mise à l’écart du bac professionnel serait facteur de discrimination.

– cette réforme devra également laisser des marges d’initiative aux équipes pour définir des modalités d’organisation évitant l’émiettement des enseignements en prenant en compte notamment le nombre de groupes par enseignant mais aussi les effets de la semestrialisation dans l’organisation des services.

– cette réforme devra définir de nouvelles relations élèves/profs, donner de nouveaux droits aux élèves : avancer à son rythme; pouvoir faire évoluer son parcours, obtenir des aides/assurances à la mobilité…

– la construction des parcours implique des temps dévolus à l’accompagnement des parcours au service de l’émancipation et de l’apprentissage de l’autonomie. Ces temps d’accompagnement doivent être différenciés en fonction des profils et des besoins des élèves (compte personnel d’accompagnement)

– une réforme du bac impliquera une évolution des programmes qui redonnent du sens aux enseignements. Ils devront être redéfinis en modules de compétences et de connaissances intégrant la question des attendus du post-bac. L’enjeu est aussi de passer de l’encyclopédisme et du bachotage à un découpage centré sur les apprentissages et favorisant la pédagogie de projet et la pluri-disciplinarité.

– la désintensification du temps de travail est un autre objectif à atteindre pour un lycée moins générateur de stress (moins d’heures de cours pour laisser du temps à la remédiation et à l’accompagnement)

– La réforme du baccalauréat doit impliquer des modalités d’évaluation qui relâchent la pression certificative, et augmentent la part de l’évaluation formative et par compétences, avec en particulier plus d’oral

– Enfin la réussite de tout changement implique l’évolution de l’identité professionnelle des enseignants qui tout en restant disciplinaire intègre également l’ingénierie de formation, la co-intervention, la pluridisciplinarité, la formation continue sur site et qui permette de favoriser et ou de choisir le travail en équipe. Ce changement profond ne peut se faire qu’avec la reconnaissance des personnels en terme de temps de travail (redéfinition des blocs du décret de 2014), de rémunération (IMP) et d’évolution de carrière (PPCR).

– Une telle réforme implique pour sa mise en œuvre une conduite du changement qui passe par le dialogue social et la concertation à tous les niveaux du système éducatif