Réforme du Lycée : Carte des formations

Mardi 18 se réunissait le groupe de travail pour discuter la carte des spécialités en lycée général... on fait le point

La réforme du lycée repose sur la disparition des séries et leur remplacement par un choix de spécialités (3 en première, puis deux parmi ces 3 en terminale). Quelles spécialités seront offertes et par qui ? C’est la question importante pour les personnels… autant que pour les familles et les élèves : car l’orientation en seconde a déjà commencé. Ce GT a-t-il permis de clarifier les choses et de lever les inquiétudes ?

Des conditions de travail syndical impossibles

Lundi à 17h40 fut envoyé un mail avec les documents : il aurait donc fallu travailler sur les plus de 70 lycées publics et comparer en une nuit l’écart entre les demandes et le projet, le tout en réfléchissant aux effectifs et aux évolutions probables. Qui peut prétendre avoir été exhaustif ? Pas nous ! Avec la réforme en cours d’année, la surcharge de travail, c’est dès maintenant !

Une carte qui ne présage de rien

Le principe du rectorat pour décider des ouvertures a en gros été la reconduction de l’existant. Si un lycée avait les séries L, ES, S, toutes les spécialités qui y correspondent ont vocation à être présentes. A ce jour un seul lycée n’obtiendrait pas tous les EDS socles

Pour les autres spécialités, là aussi, reconduction de l’existant le plus souvent.

Les plus gros débats ont touché la spécialité NSI, puisqu’elle ne correspond pas à une champ disciplinaire constitué. En effet, il n’y a pas d’enseignant d’informatique, même si la création d’un tel capes est une solution envisageable pour le ministère. Pour son implantation, la règle rectorale est la suivante : que l’établissement soit volontaire (tout le monde ne l’était pas), et qu’il dispose d’au moins deux enseignants habilités ou en cours d’habilitation. Les établissements où il est prévu d’arriver à un tel vivier d’enseignants sont souvent positionnés en catégorie : « cible 2020 » (ouverture envisageable en 2020). La question de la formation de ces enseignants a donc été posée : un dispositif étant mis en place pour la fin de l’année scolaire avec l’inspection.

en gros c'était ça hier soir
un avant-goût de l’année prochaine ?

Mais cette carte n’est pas encore celle des spécialités que nous enseignerions à la rentrée 2019 ! Avant tout, il y a la question des intentions des élèves et avec elle, celle des effectifs. La position du ministère reprise par le rectorat est l’absence de seuil a priori : pas de minimum pour ouvrir/fermer. Cela laisse espérer de la souplesse, mais signifie aussi l’absence de filet de sécurité pour les équipes pédagogiques. S’en remettre au pragmatisme du rectorat, telle est la solution qui nous est proposée. Elle ne nous suffit pas.

Evidemment, c’est à l’année n+1, à la rentrée 2020 que les enseignants pensent : que se passera-t-il en cas de groupe de spécialité en faible effectif ? Profitera-t-on de la situation pour enfin tenir les promesses ronflantes et trahies de la personnalisation des parcours ? Ou abandonnera-t-on à nouveau les bonnes idées par souci d’économie ?

Une grande inconnue : les moyens

GEL DES SALAIRES
Le gouvernement actuel a reporté la revalorisation indiciaire à laquelle il s’était engagé en signant l’accord PPCR de janvier 2018 à janvier 2019. Vous êtes confiants ?

Car c’est la question des moyens qui achèvera de donner à cette carte sa réelle signification. Quelle dotation ? On en reparlera en janvier. Doit-on craindre que ce qui alimente les spécialités aura un effet sur les options (nombre de lycées n’auront pas de langues rares en spécialité : est-ce pour eux la fin de l’italien, du grec ?) Cette offre en apparence rassurante (que n’aurait-on dit si toutes les spécialités de socles n’avaient pas été implantées !) signifie-t-elle une diminution des indispensables dédoublements ?

Le Sgen-CFDT, qui défend un lycée de choix de modules par les élèves, s’inquiète de l’absence de moyens, qui fait de cette réforme en l’état actuel une coquille vide et coûteuse en termes d’investissement pour les équipes.

Et les revendications ?

En l’état, bouleverser l’organisation du lycée, accroître la charge de travail, et précipiter les choses au point que les élèves vont choisir avant d’avoir une visibilité sur le lycée et sa liaison avec le supérieur, c’est du négatif pour tout le monde, et des bénéfices très hypothétiques et bien maigres !

Un parcours librement et intelligemment conçu passe par des modules plus inventifs et adaptés à la diversité des parcours, des modules où il soit matériellement possible de se spécialiser. Les classes bondées pour faire du numérique, ou s’initier en profondeur aux humanités dès la première, ce n’est pas une nouveauté, ce n’est pas une avancée.