La mise en place du “choc des savoirs” en collège depuis la rentrée scolaire 2024 a des effets délétères pour les personnels et les élèves... Donc le gouvernement annonce la poursuite et le renforcement du dispositif.
Malgré l’opposition et les alertes lancées tous azimuts, une première partie du programme « Choc des savoirs » a donc été mise en place à la rentrée 2024. Comme prévu, les conditions de travail dans les collèges l’ayant mis en place en ont été dégradées :
Quelques exemples des dégâts de la phase I :
- Emplois du temps délirants pour les élèves comme les enseignants :
- Elèves de sixième et cinquième ayant 8h de cours (et seulement une heure de pause méridienne) certains jours
- Multiplication des heures de permanences dans des conditions d’encadrement dégradées puisque les moyens accordés pour la Vie Scolaire n’ont pas pris en compte ce paramètre
- Impossibilité de déplacer occasionnellement des heures
- Impossibilité de trouver des plages horaires pour la concertation et donc la mise en place des progression commune
- Pression supplémentaire pour les personnels :
- Suppression ou diminution de dispositifs pédagogiques construits localement et bien plus adaptés à la situation locale
- Evaluation permanente
- Course à la progression qui doit rester la même dans tous les groupes malgré les aléas des emplois du temps (sorties scolaires ; interventions harcèlement, EAS, formations premier secours… )
- Désorganisation du groupe classe
- Perte de repères pour des élèves très jeunes
- Difficultés dans les mise en place de l’accompagnement des élèves à besoin éducatifs particuliers
- Impossibilité de mettre en place des projets interdisciplinaires
- Difficultés pour réunir les équipes pédagogiques aux contours plus floues
Devant ce triste constat, la nouvelle ministre annonce : Choc des savoirs, phase II :
Dans sa grande expertise de l’Éducation et au mépris des résultats de la recherche, la ministre Genetet annonce donc la poursuite du dispositif et sa montée en puissance.
- Les groupes de besoins / niveaux seront donc maintenus en 6° et 5°, à partir de la rentrée 2025 ils débarquent en 4° et 3°:
- en classe, une heure par semaine, en groupes de besoins, au sein du volume horaire actuel, en alternance entre mathématiques et français
- hors de la classe, deux fois plus de moyens pour les « Devoirs faits » et les stages de réussite en 4e et 3e.
On manque déjà de professeurs de mathématiques et de français… La ministre rajoute encore des heures tout en annonçant des suppressions de postes. Les calculs sont pas bons !
- Le Brevet : beaucoup d’annonces
- En 2025 : notes séparées pour l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique ; introduction d’une mention « Très bien avec félicitations du jury » (18/20 ou plus).
- En 2026 : nouvelle répartition entre le contrôle continu (40 %) – constitué de la moyenne des notes de 3e – et les épreuves terminales (60 %).
- En 2027 : brevet obligatoire pour accéder directement à la classe de Seconde générale, technologique ou professionnelle.
Que cherche-t-on ici ? En quoi cela va-t-il avoir un impact réel ou supposé sur le niveau des élèves, sur leur motivation ou leur implication… Prendre en compte uniquement les moyennes de troisième met donc un terme à l’idée de cycle et enterre un peu plus l’idée d’un socle commun de connaissances et de compétences…. Quant au brevet obligatoire pour la suite des études, la ministre ne dit toujours pas ce qu’il adviendra des élèves qui n’auront pas décroché le précieux sésame… Les élèves recalés devront ils tous aller dans LA classe prépa seconde du département qui promet d’être surchargée ? Ou finira-t-on par « harmoniser » les notes dans le dos des correcteurs et correctrices pour cacher la misère ?
- Le Baccalauréat :
Une épreuve anticipée de mathématiques instaurée en Première générale et technologique à partir de juin 2026. Avec quels profs et quel programme ? On n’arrive plus à compter les réformes de la réforme du Bac Blanquer. Pour rappel : les élèves devaient passer une épreuve d’enseignement de spécialité à la fin de la première, puis finalement non ; ils passaient l’enseignement scientifique en première et en terminale, puis que en terminale puis en CCF puis plus du tout, les épreuves terminales d’enseignement de spécialité devaient être passées en mars, puis en juin, puis de nouveau en mars mais finalement en juin…
Nos têtes pensantes ministérielles ont bien du mal à trancher sur le statut des mathématiques : elles ne devaient plus être l’alpha et l’oméga de l’enseignement, mais elles sont essentielles et évaluées dans les si précieux tests internationaux, il existera donc :
-
- l’enseignement obligatoire avec une épreuve anticipée en première,
- l’enseignement de spécialité en première et en terminale,
- l’enseignement maths complémentaires pour les élèves qui ne prennent pas la spécialité maths mais qui veulent continuer à en faire un peu quand même,
- l’enseignement maths expertes pour les élèves qui veulent toujours plus de mathématiques.
Finalement, le choc des savoirs ne sera probablement qu’un choc de plus dans l’Éducation nationale avec à la clé une dégradation des conditions de travail des personnels et des élèves, une amplification des discriminations sociales et territoriales et une occasion supplémentaire de faire du profbashing…
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