EVALUATION d’ECOLE : une usine à gaz ?

Le point de vue du Sgen-CFDT

L’administration se donne 5 ans pour que toutes les écoles aient connu une « évaluation d’école ».BULLE CFDT
En principe, les équipes des écoles concernées cette année ont dû en être informées par leur IEN.

Position du Sgen-CFDT sur ce nouveau dispositif

Si les objectifs sont louables,  si, pour peu qu’il soit constructif, ce dispositif peut être un point d’appui à l’amélioration du service public de l’éducation, le Sgen-CFDT dénonce cependant une “usine à gaz”, une mise en œuvre qui n’a pas été suffisamment pensée avec les acteurs de terrain (IA, IEN, CPC, directeurs…), qui ne tient pas compte des réalités du terrain, sans moyen humain supplémentaire, sans temps dédié pour les acteurs, qui ne tient pas compte de l’état d’esprit des collègues après 5 ans d’injonctions…

Ce que le Sgen-CFDT revendique

La France est en l’un des derniers pays dans le monde à ne faire qu’une évaluation individuelle via les rendez-vous de carrière : une évaluation collective basée sur des objectifs que les acteurs de terrain se seraient choisis collectivement peut sembler intéressante. Cependant, on sait pertinemment qu’un certain nombre de conditions doivent être réunies si on veut que cela puisse réellement servir les élèves, les partenaires et les collègues.

Il serait nécessaire de :

– Donner du temps pour la réflexion dans les équipes d’école. Pour l’instant rien n’est prévu sur le papier. Dans certains départements le Dasen a accordé 6h du temps de formation pour le consacrer à cette réflexion. C’est insuffisant les 18h d’animations pédagogiques doivent être consacrées à ce temps d’évaluation.
– Dégager également du temps pour les évaluateurs (IEN, directeurs sélectionnés, CPC…).
A ce jour ces missions s’ajouteront à une charge de travail déjà reconnue comme trop importante ! Le Sgen-CFDT  demande que ces missions supplémentaires puissent être rémunérées d’une manière ou d’une autre.
– Accompagner les acteurs de terrain (évaluateurs, enseignants…)
en proposant une véritable formation pour qu’ils puissent s’approprier ce nouveau dispositif, discuter des modalités de mise en œuvre, lever les inquiétudes, permettre aux collègues de retrouver confiance dans l’institution qui les a malmenés ces 5 dernières années par des injonctions incessantes, un manque d’autonomie, un contrôle systématique…
– Rompre avec la logique de verticalité
qui prédomine encore trop souvent dans la relation entre les IEN et les équipes pédagogiques des écoles.
– Ne pas choisir de manière unilatérale
de regrouper telle ou telle école à la seule fin de pouvoir répondre à la commande du ministère (toutes les écoles doivent être évaluées sur les 5 prochaines années) mais rechercher l’adhésion des équipes.

Comment ça se passe ?

L’évaluation se déroule en trois temps :

– Une auto-évaluation au sein de l’équipe guidée par une boite à outils à l’issue de laquelle l’équipe produit un rapport d’auto-évaluation.

Domaines à interroger : les apprentissages, le suivi des élèves, le bien-être et le climat scolaire, les acteurs et le fonctionnement de l’école, l’école dans son environnement institutionnel et partenarial.

Remarque du Sgen-CFDT : à notre avis le questionnaire soumis aux familles doit être revu car il nécessite un travail énorme de collecte des données et de statistiques. Ne pourrait-on pas créer un outil informatique et ne le distribuer qu’à un panel des familles ?

– Un regard et une analyse portés sur cette auto-évaluation par une équipe de trois évaluateurs formés pour l’occasion : un IEN, un directeur et un autre membre de l’EN. Tous issus de trois circos différentes et sans lien entre eux ni avec l’un ou l’autre des membres de la communauté éducative de l’école « évaluée ». L’objectif est d’avoir un regard extérieur complémentaire et neutre sur la vie et les projets de l’école. Ce rapport serait donc basé sur l’analyse de l’auto-évaluation et ferait aussi l’objet de rencontres avec les acteurs afin de cerner les marges de progression possible et les objectifs que les membres de la communauté éducative pourraient se fixer. Il devrait en toute logique être le fruit d’échanges et d’une analyse partagée entre cette équipe externe et la communauté éducative de l’école. A noter qu’en aucun cas ces « évaluateurs » n’assisteront à une séance en classe ou n’établiront une évaluation personnelle.

– L’édition du rapport définitif d’une dizaine de pages maximum et présentation en conseil d’école.

Objectifs affichés par le ministère

L’objectif de cette procédure d’évaluation d’école est de créer du collectif au sein des écoles.
L’une des hypothèses du Conseil de l’Évaluation de l’École est que l’école fonctionne en silos et manque de collectif notamment pour la prise en compte globale de l’enfant, de l’élève. Moins juxtaposer, coordonner davantage les actions, croiser les regards devrait contribuer à la construction d’objectifs partagés.

L’évaluation ne devrait pas rester un document rangé dans un tiroir,
elle devrait permettre aux acteurs de construire des orientations dans le respect de la professionnalité de chacun et des réalités d’un territoire donné. Le projet d’école pourrait ainsi en découler directement et prendre tout son sens.

Le Sgen-CFDT à vos côtés

Nous avons besoin de vous !!!

Nous comptons sur les collègues qui entrent dans l’évaluation cette année pour nous faire partager leur expérience, leurs suggestions, leurs remarques, et les difficultés rencontrées pour que nous puissions intervenir et tenter d’infléchir ou de modifier les points qui pourraient poser problème dans vos écoles. Pour cela remplissez notre questionnaire en ligne : plus nous aurons de retours et plus nous pourrons revendiquer des améliorations.