Rentrée 2023 dans le second degré : des suppressions de postes pour quelle politique éducative ?

École inclusive, mixité sociale, lutte contre les inégalités scolaires, éducation à l'égalité, à la citoyenneté..., accompagnement des élèves, autant d'éléments pour une politique éducative ambitieuse concourant à la réussite de chaque élève. Seulement les moyens ne sont pas à la hauteur !

Il est désormais établi qu’il y aura 500 000 élèves en moins dans les années à venir au sein des établissements scolaires français.
Déjà particulièrement sensible dans le 1er degré avec 63 748 élèves de moins à la rentrée 2023, la baisse des effectifs reste pour le moment peu visible dans le 2nd degré avec une baisse de 841 élèves à la rentrée 2023.  Le ministère annonce pourtant la suppression  de 481 emplois d’enseignant⋅es dans le second degré de l’enseignement public.

Vers une dégradation des conditions de travail et d’apprentissage

Les moyens envisagés pour la rentrées 2023 ne sont donc pas à la hauteur des ambitions éducatives de l’État pour ses élèves.

La baisse du nombre d’élèves aurait dû constituer une occasion d’améliorer de manière sensible les conditions d’enseignement et les conditions d’apprentissage des élèves à moyens constants.


Par exemple, il aurait été possible de faire baisser  le nombre d’élèves par division, ou le nombre d’heures supplémentaires effectuées par les enseignant.es. En effet, lors des rentrées précédentes, les suppressions de poste ont été compensées par une augmentation du nombre d’heures supplémentaires effectuées par les agents, augmentant sensiblement leur charge de travail et accroissant également les inégalités de rémunération.

La rentrée 2023 devrait ainsi voir la suppression de 481 emplois inégalement répartis sur le territoire, tandis que le nombre d’heures supplémentaires n’évolue pas. Ces dernières sont inégalement réparties : 8 académies sur 30 voient ainsi une baisse de postes et une augmentation des  heures supplémentaires, continuant ainsi à dégrader les conditions de travail et d’enseignement.

Le Sgen-CFDT s’inquiète des diminutions d’emplois d’enseignant.es de certaines académies dans lesquelles les difficultés sociales et scolaires sont importantes.

Une gestion dans l’urgence qui ne résout pas les problèmes

En supprimant 481 emplois, le Ministère semble aussi faire le choix d’une gestion des agents dans l’urgence, au coup par coup et non dans la continuité et par anticipation. 

Les difficultés de remplacement des enseignant⋅es absent⋅es ne sont toujours pas résolues. Des classes restent sans professeur.e pendant des mois voire toute une année scolaire.

Il en est de même pour les problèmes de recrutement liés au manque d’attractivité de nos métiers. Le nombre d’inscrit⋅es au concours serait d’après le DRH « en légère hausse » par rapport à l’année dernière, année catastrophique ! Les conditions d’enseignement promises par les suppressions d’emplois ne sont pas de nature à améliorer l’attractivité du métier.

En supprimant ces emplois alors que les besoins sont criants, le Ministère maintient des agents contractuels dans une précarité inacceptable. Il semble faire le pari que la baisse du nombre d’élèves à venir épongera les besoins en nombre d’enseignant⋅es. Cela va avoir pour conséquence immédiate une précarisation accrue des collègues contractuel⋅les.

Des priorités éducatives dont la mise en œuvre interroge au regard des moyens

Le ministère affirme avoir des priorité pour le second degré :

  • Financement d’une heure et demie de mathématiques (obligatoire) pour tous les élèves de première générale qui n’auront pas choisi la spécialité mathématiques ;
  • Accompagnement de la hausse démographique des académies qui connaissent une évolution positive ;
  • Développement des dispositifs de scolarisation des élèves en situation de handicap ;
  • Renforcement de la mixité sociale au sein des établissements du second degré, en finançant les montées en puissance des sections internationales ouvertes à la rentrée 2022 dans les collèges les plus défavorisés ;
  • Poursuite de la mise en place des Parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE)

Financer des maths pour tous

S’agissant des mathématiques en 1ère, il faudra recruter plus de professeurs de mathématiques pour assurer cet enseignement de mathématiques dans le tronc commun.

L’employeur devra payer le prix d’une amélioration de l’attractivité du métier en engageant une revalorisation généralisée et substantielle des rémunérations des métiers de l’éducation. Le Sgen-CFDT utilisera cet impératif de recrutement comme levier supplémentaire pour revendiquer encore plus efficacement un alignement sur les salaires des enseignants des autres pays de l’Union européenne.

Financer des dispositifs de scolarisation des élèves en situation de handicap

Le Ministère prétend vouloir développer les dispositifs de scolarisation des élèves en situation de handicap mais qu’est-il prévu pour mieux répondre aux besoins des élèves en situation de handicap ?
Où sont les moyens pour développer une véritable École inclusive qui prend en compte les difficultés de TOUS les élèves, quelles qu’elles soient ?

Renforcer la mixité sociale

C’est une perspective louable mais si elle s’effectue par des dispositifs qui trop souvent font cohabiter des élèves dans un établissement sans qu’ils se rencontrent vraiment, cela doit être interrogé. Car ce serait donner plus à ceux qui ont moins de besoins.

Ce qu’en pense le Sgen-CFDT

Ce n’est pas à coup de mesurettes ou de politique à courte vue que notre système éducatif pourra évoluer vers une École de la réussite pour toutes et tous, ni que le métier d’enseignant.e sera plus attractif.
L’Éducation Nationale a besoin d’une politique éducative ambitieuse et continue pour relever les défis et les transformations qui s’imposent.
La société évolue, les besoins éducatifs et pédagogiques évoluent, les conditions d’enseignement et d’apprentissage ne sont plus celles d’antan, n’en déplaise à certain.es ; les modalités de calculs des moyens d’enseignement doivent évoluer et les conditions de travail et de rémunération également.

Le Sgen-CFDT  dénonce le manque de moyens pour mener une politique éducative ambitieuse qui répondent aux besoins éducatifs et pédagogiques.

Poursuite des créations de postes de CPE

Après avoir créé 300 postes de CPE à la rentrée 2022, 100 postes s’ajouteront à la rentrée 2023. C’est indispensable non seulement parce qu’il y a des créations d’établissements, mais aussi pour renforcer les vies scolaires partout. Pour le Sgen-CFDT, il importe que dans toutes les académies, les créations de postes de CPE soient liées aux besoins des établissements, aux besoins d’accompagnement des élèves et aux effectifs complets des établissements avec la prise en compte des élèves en ULIS, en UPE2A et la prise en compte des apprenti.e.s.

Aucune création de poste pour la filière santé social

Par contre, le ministère ne prolonge pas une timide politique de renforcement de la filière santé et sociale. A la rentrée 2023, il n’y a aucune création de poste d’infirmières ou infirmiers, d’assistant.e.s de service sociale. Aucune création de poste de médecin scolaire. Aucune création de poste de psychologue de l’Éducation nationale. Les besoins d’accompagnement des élèves sont pourtant criants et ont été renforcés par les effets de la pandémie. Le système éducatif ne pourra pas mieux y prendre sa part que ces dernières années et ne contribuera pas à réduire les inégalités d’accès aux soins.

Pour le Sgen-CFDT, l’amélioration de l’accompagnement des élèves dans toutes les dimensions est indispensable pour réduire les inégalités scolaires. Cela suppose des créations de postes qui manquent hélas cruellement.